L’homme craint le temps, mais le temps craint les pyramides
Il est un proverbe égyptien qui dit : « L’homme craint le temps, mais le temps craint les pyramides. » Il ne pouvait pas mieux tomber pour résumer l’édition 2017 du semi-marathon de la Grande Motte. Entre météo quasi tempétueuse l’avant veille, qui en découragea plus d’un, et un parcours roulant favorable aux chronos et records personnels, ce 24ème Semi-Marathon des Pyramides a été une agréable découverte. Récit.
Cela faisait des années que j’avais envie de courir cette épreuve. Organisé par le Lion’s Club, cet ensemble de courses à vocation humanitaire bénéficiait, de longue date, d’une excellente réputation. Un peloton chaque année très nombreux, un profil de parcours en bord de mer (donc a priori plutôt roulant), le superbe récit de l’édition 2016 par Coco sur son blog et la perspective de passer un petit week-end sympa dans l’Hérault achevaient de me convaincre d’inscrire cette épreuve à mon calendrier de courses 2017. Qui plus est, Fabrice, un copain de l’ASPTT Digne-les-Bains, me confirmait quelques temps plus tard qu’il s’y était inscrit aussi, tandis que son épouse ferait le 10km.
Après un hiver passé à m’entraîner avec les copains du club dans le froid et la nuit (pleurez, chaumières !), je me retrouvais donc en cette première semaine de mars en route vers la Grande Motte. La météo ne s’annonçait franchement pas terrible : de gros orages tempétueux étaient annoncés au sud des Cévennes et la probabilité qu’ils ne viennent gâcher la fête paraissait extrêmement forte. Au point d’ailleurs que Fabrice m’appela sur le trajet pour m’annoncer qu’il ne serait pas de la partie : son camping-car prenant l’eau, il ne ferait pas le déplacement. J’arrivais donc seul en début d’après-midi, et trouvais rapidement le chemin du Palais des Congrès de la Grande Motte pour y retirer mon dossard.
Bel accueil des bénévoles du Lion’s Club : retrait du dossard, T-shirt, stand d’information, village des partenaires, tout était parfait. Un détour par l’hôtel me permettait de déposer mes affaires, et je me changeais rapidement pour une petite mise en train de 20mn, histoire de dérouiller la mécanique.
Je profitais de ce petit échauffement pour repérer l’aire d’arrivée, où les concurrents du 10km étaient d’ailleurs en train de passer la ligne, sous les encouragements d’un public venu nombreux. J’achevais mon petit tour le long de la plage, puis retournais à l’hôtel préparer mes affaires pour le lendemain. Quelques photos postées sur les réseaux sociaux me permettaient de repérer que Coco serait de la fête le lendemain, de même que Sylvain, copain runner du club Pénitents En Durance. Nous nous donnions d’ailleurs rendez-vous au lendemain 9h.
Ce dimanche matin, je retrouvais donc Sylvain devant le Palais des Congrès, et c’est ensemble que nous fîmes le tour de quelques pâtés de maison en guise d’échauffement. Pas de vent ni de pluie au programme, mais une belle fraîcheur revigorante qui nous fit conserver des T-shirts manches longues pour la course. En pleine préparation pour le Marathon de Paris, Sylvain devait courir ce Semi en 1h40 ~ 1h45. Visant pour ma part 1h45, nous décidions de faire une partie de la course ensemble. L’heure H approchant, je guettais une ultime fois Coco, hélas sans succès, puis le peloton se forma derrière l’arche de départ.
Le départ fut donné sans retard, et j’enclenchais mon chrono sous l’arche. Les meneurs d’allure étaient loin devant, de sorte qu’il nous faudrait un bon moment avec Sylvain pour les rattraper. Le peloton très dense nous obligea à zigzaguer sur les premiers kilomètres, à la recherche de la trajectoire idéale. Sur le moment, je trouvais le parcours un peu tortueux : alors que je m’attendais à une course 100% urbaine sur macadam, nous empruntions alternativement routes en bitume, esplanades dallées (redoutables, car les dalles n’étaient pas régulières, et casse-gueule pour qui n’y prêtait pas attention), trottoirs, et portions de chemins de terre parsemés de racines de pins maritimes. Beaucoup de concentration donc, pour éviter de trébucher sur un rebord de carrelage ou une racine mal placée. Qui plus est, notre itinéraire enjamba plusieurs fois une voie rapide, via des passerelles en bois qu’il nous fallait grimper, brisant l’allure et les jambes.
Arriva le 5ème kilomètre, et avec lui le premier ravito. Surprise ! On n’y trouva que du solide ! Par une malheureuse erreur de logistique, le stand n’avait pas été livré en boissons : je vous laisse imaginer 2000 coureurs se disputer 1 bouteille d’eau et 10 gobelets. Bref, un premier ravito à oublier rapidement. Heureusement que j’avais embarqué dans l’aventure ma ceinture porte-gourdes et mes propres gels énergétiques !
Je rattrapais le meneur d’allure des 1h45 vers le 8ème kilomètre et décidais de rester dans ses pas, laissant Sylvain filer vers un meilleur chrono. Le parcours était à présent plus régulier, exclusivement sur macadam, à l’exception d’un tour du stade de la Grande Motte, sur une piste en terre. J’avais intégré le petit groupe des « suiveurs » du meneur d’allure, un garçon vraiment très bien : allure régulière, encouragements, plaisanteries, il faisait vraiment tout pour nous aider à tirer le meilleur parti de nos chronos. C’est donc dans la bonne humeur que j’abordais la longue ligne droite le long des plages, un interminable aller-retour que j’appréhendais car exposé au vent. Heureusement, le petit groupe avec lequel j’étais permettait à chacun de s’abriter à tour de rôle.
Peu après le 15ème kilomètre, je croisais Sylvain qui entamait sa boucle retour, et nous nous encouragions mutuellement. Je savais que nous allions attaquer les derniers kilomètres, et mes jambes commençaient à tirer. Certains de mes camarades du groupe « 1h45 » avaient déjà lâché prise. Au 18ème kilomètre, mon genou gauche commença à coincer. Un légère gêne, comme une piqûre, mais qui me fit douter un instant : comment pourrai-je finir le marathon Nice-Cannes dans 9 mois si je ne tenais pas 18 bornes sans souffrance ? Hors de question de se laisser aller : j’avais déjà tenu 18 bornes à 12 km/h, il était donc inconcevable de baisser les bras maintenant. En un éclair, je décidais que je tiendrai, jusqu’au bout. Je regardais régulièrement mon chrono, me calant scrupuleusement sur mon allure de 5′ au kilo. Il fallait que je tienne encore 3 kilomètres.
De ces 3 derniers kilos, je n’ai plus aucun souvenir, mis à part qu’un concurrent devant moi trébucha sur une dalle de trottoir et manqua de peu de s’étaler de tout son long. Il boita quelques mètres et reprit sa course. J’avais débranché le cerveau, plaçant mes pas sans réfléchir dans ceux du meneur d’allure que je suivais alors comme une ombre. Un dernier rond point, l’arche d’arrivée au bout d’une longue ligne droite, et il hurla à notre petit groupe : « allez les gars !! Allez chercher vos RP ! » Avec quelques uns de mes camarades, je déboîtais, et me lançais à corps perdu vers la ligne. Un dernier sprint, et je passais sous l’arche, à bout de souffle, la main sur mon chrono. 1h43’22s !
Sylvain me retrouva après les barrières, tout sourire. Lui aussi était satisfait de sa course, avec un chrono prometteur avant le Marathon de Paris.
Un bon cru que cette édition 2017 ! Malgré une météo peu engageante la veille, je garde de cette course un bon souvenir, avec un parcours moins facile que ce à quoi je m’attendais. Fait de nombreuses relances, ce Semi m’a permis de découvrir des quartiers méconnus de la cité balnéaire, et bénéficie d’une logistique de qualité. Une course à recommander, qui vous permettra en outre de joindre l’utile à l’agréable, puisque organisée dans un but humanitaire, cette année : les enfants. Un bémol toutefois pour un ravito sans eau cette année. Mais sans nul doute une course à refaire !
Contente de t’avoir lue, ça me fait un peu découvrir le parcours car je pourrais le faire 100 fois que je n’y verrais jamais rien de toute façon…pour le vent tu as eu de la chance, il était moins fort cette année que l’an dernier où nous avions vécu l’horreur en parcourant cette fameuse ligne droite …il n’est pas si simple ce semi, il y a effectivement de nombreuses relances mais il fait exception aux semis qu’on peut trouver dans cette région et qui sont rarement plats , c’est toujours ça de pris…bravo pour ta perf et merci de m’avoir mentionnée ;o))
Merci à toi pour ton témoignage de l’an dernier : il a été déterminant pour inscrire cette course à mon calendrier !
pas de regret alors ?
Un seul ! Ne pas avoir eu le plaisir de faire ta connaissance et celle de coach chéri !
oh mais c’est gentil ça…du coup tu es obligé de reprogrammer cette course pour l’an prochain…sinon tu peux toujours venir à Albi fin avril ou au Marvejols-Mende fin juillet, deux épreuves incontournables pour nous (et que je ne raterais pour rien au monde )
Je pense que je motiverai des copains de club pour le refaire l’an prochain (mais je suis aussi tenté par le marathon de Barcelone à la même période). Fin avril je fais le Semi d’Annecy, et, tu vas pas le croire, depuis 23 ans que je cours, je n’ai jamais fait Marvejols-Mende ! 😉
ah non, ça n’est pas possible! 23 ans de CAP et pas un seul MM, allez hop! tu mets ça sur ton calendrier …tu vois pour moi, si il ne devait rester qu’une compétition sur mon planning ce serait celle là, j’y vis tellement de chose à chaque fois qu’il y a deux ans j’ai même du faire mon CR en 4 épisodes pour ne pas décourager mes lecteurs (mode « je me la pète » sur ON)
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