Foulée Saint Claude 2016 : 20 bougies !

Foulée Saint Claude2016 sera l’année des 20èmes éditions. Avant de participer fin juin à la 20° Nocturne d’Aix Puyricard et à la 20° Foulée Venelloise dans 15 jours, la Foulée Saint Claude 2016 inaugurait la série des 20° anniversaires le week-end dernier. A croire qu’au milieu des années 1990, la mode était aux courses de village autour du Pays d’Aix. Retour sur le premier épisode de cette trilogie.

Dimanche 15 mai, 7h30. Pour un week-end de Pentecôte, le réveil est plutôt matinal. Sur une suggestion de mon père, je me suis inscrit 2 jours plus tôt à la 20° Foulée Saint Claude, organisée par le comité des fêtes de Meyrargues, un petit village à 20mn au nord d’Aix en Provence. Je n’aime généralement pas improviser au dernier moment, mais une fois n’est pas coutume, cette compétition n’était pas prévue à mon calendrier. J’ai engrangé pas mal de kilomètres dans le cadre de ma préparation pour le semi-marathon de Nice, et je garde encore le souvenir du très bon chrono réalisé sur le premier 10km réalisé là-bas. Ces 11km250 constitueront donc une sortie dominicale parfaite pour profiter de mon week-end, de la campagne aixoise, et du foncier accumulé pour Nice.

Le départ est prévu pour 10h, et je suis sur place à 8h30. La banderole d’arrivée est en place sur un parking et une poignée de bénévoles s’affairent autour. Le village dort encore, et je me mets à la recherche de la salle des fêtes pour le retrait des dossards. Un coureur croisé sur le parking m’indique le chemin. La salle des fêtes est déserte. Manifestement, cette 20° édition n’a pas mobilisé grand monde. Je récupère rapidement mon précieux sésame, et de retour à la voiture, m’attelle à épingler mon dossard sur le maillot du club.

Quelques textos et conversations Facetime avec proches et amis m’aident à patienter dans la voiture jusqu’à 9h30. Un mistral insidieux a rafraîchi l’atmosphère et j’ai préféré attendre à l’abri. J’enfile une veste et part m’échauffer jusqu’à 9h45, en repérant le départ au passage. 1km aller-retour, agrémenté de quelques éducatifs et courtes accélérations. Je rejoins l’aire de départ, où une animatrice de fitness a entamé une séance d’échauffements collectifs, alors que des véhicules passent encore au milieu des coureurs, leurs conducteurs ne comprenant pas trop ce qu’il se passe. Retour à la voiture pour déposer la veste, et me voilà fin prêt.

profil-st-claude180 concurrents au départ, donné à l’heure pile. Le peloton me paraît clairsemé comparé à d’autres épreuves. Sur les premiers mètres, un grand-père de 70 ans a enfilé le short et tente péniblement de se frayer un chemin en écartant les bras. Plus loin, un jeune couple court côte à côte. Ils sont mignons. Un rapide coup d’œil à ma Garmin Forerunner 220 me révèle que je suis parti trop vite (comme d’hab). Je me retiens, un peu, car les sensations sont plutôt bonnes. J’ai pourtant vu sur le flyer de la course que le profil du parcours présente un coup de cul de 200m de D+ du km5 au km7. Il faut donc que je sois prudent.

Le premier kilomètre traverse le village et un lotissement, puis les maisons font rapidement place à la campagne, traversée par un étroit chemin goudronné que nous empruntons. J’ai trouvé mon rythme de croisière, profitant de la nature verdoyante pour travailler mes trajectoires à chaque virage. Le parcours se révèle légèrement vallonné, je réduis donc l’allure dans les montées pour mieux relancer dans les descentes. J’avale les 2 premiers kilos en 4’56 et 4’59.

Les kilomètres 3 et 4 s’étirent sur un chemin caillouteux le long d’une voie ferrée, que nous venons de traverser. Quelques minutes plus tard, le TER des Alpes fonce à vive allure en direction du passage à niveau. Je songe aux concurrents derrière moi qui devront faire une halte le temps que le train passe. Pourvu qu’aucun ne force le passage ! La pinède aixoise a fait son apparition, le sol est sec, mais les paysages déjà superbes sous le ciel d’azur provençal. J’ai déjà rejoint puis doublé une dizaine de concurrents partis trop vite. J’aperçois au dernier moment le 1er ravito, et attrape au vol un gobelet d’eau et ma dose de gel Mule Bar Cherry Bomb dans ma poche. Je marche quelques mètres, le temps de déglutir sans avaler de travers, et reprends ma course aussitôt. Je me sens en jambes, et l’ascension du kilomètre 5 est régulière, quoique très caillouteuse. Je me concentre sur mes appuis, recherchant des passages à l’ombre, car la réverbération du soleil chauffe la piste de calcaire blanc.

Quelques centaines de mètres plus loin, l’ascension se fait plus dure au milieu des pins parasols. Le chemin attaque une vraie côte où, après avoir trottiné un moment, je m’aperçois que j’irai tout aussi vite en marchant. Je dois vraiment m’entraîner davantage en côtes, c’est décidément mon point faible. Ce qui me rassure, c’est que je ne suis pas le seul. A cet instant, tout le monde déguste. Sur un court replat, je double un concurrent qui peste comme un beau diable : « Ouais ! Mais moi je suis pas entraîné ! ». Dans un souffle, je lui rétorque : « Oui, mais j’en chie aussi ! » Le parcours est vraiment magnifique, mais je n’ai hélas pas le loisir de regarder à l’horizon. Dans un virage, un marquage à la bombe indique « ça y est, la côte est finie ». Tu parles ! Il reste encore 500m ! J’aperçois devant moi 5 concurrents qui peinent dans le dernier mur, que je franchirai en marchant.

Au sommet, le 2ème ravito est une délivrance. Je sais que le plus dur est fait, mais j’ai mis 6’59 pour grimper ce 6ème kilomètre. Je termine mon tube de gel, et reprends rapidement la piste après une brève pause gobelet. Je suis à l’aise en descentes et les 4 prochains kilomètres vont être un pur bonheur. Je reprends en quelques dizaines de mètres un jeune trentenaire qui m’avait doublé dans le dernier mur. J’ai repris mon souffle rapidement, et j’allonge la foulée, tout en restant prudent tant la piste est caillouteuse. A un embranchement, une bénévole paniquée discute avec un concurrent arrêté. J’imagine immédiatement que quelqu’un a fait un malaise ou s’est blessé dans la descente. Mais non ! Le coureur siffle un camarade, parti sur la piste de gauche alors qu’il faut prendre le sentier à droite… Dommage ! Pourtant, le parcours est bien balisé : un panneau fixé sur un arbre annonce clairement que le sentier est une « piste noire ». Méfiance donc. Effectivement, le sentier est ponctué de racines, enrochements, et suffisamment tortueux pour me faire réduire sensiblement l’allure. Après quelques centaines de mètres chaotiques, le sentier débouche sur une piste de terre battue. Pour moi, c’est une autoroute ! Le terrain est souple, la descente régulière, et j’ai le pied léger : j’avale le 8ème kilomètre en 4’51. Un peu plus loin, retour au macadam, avec un superbe passage à travers une clue rocheuse, et les kilomètres 9 et 10 sont avalés en 4’38 et 4’20. Waouh ! Je vais finir par faire péter le chrono !

Hé hé… C’était sans compter sur la petite surprise réservée par l’organisation dans le dernier kilomètre : l’ascension du Château de Meyrargues. Au débouché de la route, je me retrouve soudainement devant un (putain de) mur, comme ça devrait être interdit d’en mettre sur une course à pied. Ce n’est même pas un mur, c’est la muraille de Chine. Et je n’en vois même pas le sommet. Évidemment, tout le village est là. A gauche comme à droite, des spectateurs encouragent. Un juron m’échappe. Mes partenaires de course ont déjà entamé l’ascension. En marchant. Je ne pourrai pas faire mieux qu’eux et le classement sera figé là. 150m de longue escalade à pousser sur les genoux après 3 km de descente, c’est dur. Au sommet, sous les arbres, un ensemble de percussions brésiliennes accueille les forçats avant une brève descente, menant sur un dernier coup de cul, avant l’ultime descente à travers les rues du village. Je termine finalement en 58’21 », pour une course courue en negativ split, et très content de mes sensations. A renouveler !

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